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Le service de temps NTP (Network Time Protocol)
Dernière mise à jour: 5 janvier 2010
Cet article est sous licence libre LLDD.

Introduction.

Les stations de tavail, et même les machines de bureautique, travaillent de plus en plus en réseau souvent avec le protocole NFS de partage des fichiers sur un réseau. Le problème de la synchronisation des machines sur un tel réseau est important. En effet quand sur une station on crée un fichier, celui-ci est physiquement créé sur le serveur à la date du serveur et pas à celle de la station qui a demandé la création. Si la station et le serveur ne sont pas synchonisés on peut ainsi avoir des fichiers dont la date de modification est toujours plus récente ou plus ancienne, perturbant ainsi le fonctionnement de logiciels comme "make". On a un problème analogue avec la messagerie électronique où l'on peut recevoir des courriers avant qu'ils soient partis, ou avec les statistiques qu'on ne peut pas exploiter car les horloges dérivent.

Pour résoudre ces problèmes on peut synchroniser toutes les machines sur le temps officiel. Dans ce qui suit on explique ce qu'est le temps, son utilisation et comment synchroniser les stations avec le protocole NTP.

La mesure du temps

Pour mesurer le temps il faut disposer d'une échelle de temps, d'une origine sur cette échelle, et d'un intervalle de temps qui servira d'unité. Toute série d'évenements reproductibles peut servir d'échelle de temps. L'astronomie nous en fournit plusieurs: rotation de la terre sur elle-même ou autour du soleil.

Une fois définie une échelle de temps, on attend d'elle des propriétés spécifiques permettant de faire des travaux scientifiques.

  1. L'universalité, cette échelle doit être utilisée par le plus grand nombre de personnes possibles.
  2. La pérennité, il faut que cette échelle ne puisse être interrompue, et créer des trous dans la mesure du temps.
  3. L'accessibilité, chacun doit pouvoir accéder à la lecture du temps sans difficulté.
  4. La précision la lecture doit avoir la meilleure précison possible.
  5. L'uniformité, la valeur des mesures ne doit pas dépendre du temps ou du lieu où l'on fait les mesures.

Si on prend comme oscillateur la rotation de la terre sur elle-même, on s'apercoit que cette rotation n'est pas uniforme sur quelques jours, ce qui conduit à l'élaboration du temps solaire moyen basé sur un soleil moyen fictif dont les passages au méridien sont séparés par des intervalles égaux subdivisés en périodes de 24 heures ou 86400 secondes.
Le temps solaire moyen du point de l'observatoire de Greenwhich augmenté de 12 heures est appelé temps universel (TU). Or ce temps universel n'est pas à son tour uniforme à cause de diverses irrégularités physiques dont le déplacement des pôles. On aboutit à un temps universel corrigé nommé TU2.

Si on prend comme oscillateur la rotation de la terre autour du soleil, on définit un temps appelé temps des éphémérides (TE). Ce temps est connu avec moins de précision que TU, mais a l'avantage d'être plus uniforme.

Ces temps obtenus sont différents; la seconde universelle n'est pas la même que la seconde des éphémérides.

Depuis 1955 avec l'apparition des horloges atomiques on s'est apercu de la dérive des secondes définies au moyen des horloges naturelles. On utilise maintenant des oscillateurs artificiels plus précis que sont les horloges à quartz et les horloges atomiques. Celles-ci sont utilisées plus comme étalon de fréquences ou garde temps que comme mesure directe du temps. Les horloges à quartz sont des oscillateurs mécaniques basés sur la vibration d'un cristal de quartz taillé suivant une certaine forme. Deux cristaux de quartz ne sont jamais taillés de la même manière et ne sont donc pas exactement tous à la même fréquence. Les horloges atomiques sont elles basées très schématiquement par la fréquence émise lors du changement de transition d'un atome de gaz excité. Il existe deux catégories d'horloges atomiques. Les unes sont des garde temps beaucoup plus stable que les horloges à quartz; les autres constituent des étalons absolus de fréquences et sont à la base de la définition moderne de la seconde, c'est ce qu'on appelle le temps atomique (TA). Naturellement ce temps atomique va dépendre du type de gaz dont on va mesurer la fréquence de transition.

Le petit tableau ci-dessous donne les différentes précisions des temps définis ci-dessus:

TEMPSPRECISIONUNIFORMITE
TU10-310-7
TE10-110-9
TA césium10-1310-13

Le temps légal défini par la seconde légale a été basé

Sur le temps universel (TU) jusqu'en 1956
sur le temps des éphémérides (TE) de 1956 à 1967
sur le temps atomique à jet de césium à partir de 1967
Jusqu'en 1956 la seconde légale était définie comme la 86400ème partie du jour solaire moyen.
A partir de 1956 la seconde des éphémérides a été définie par le comité international des poids et mesure comme étant
la fraction 1/31556925.9747 de l'année tropique pour 1900 janvier 0 à 12 heures de temps des éphémérides.
Depuis 1967 la seconde légale est définie comme
la duréee de 9 192 631 770 périodes de la radiation correspondant à la transition entre les deux niveaux hyperfins de l'état fondamental de l'atome de césium 133.
On trouvera sur ces questions de plus amples informations techniques dans le petit livre de Bernard Decaux.

La transmission du temps

La mesure du temps ne suffit pas pour pouvoir utiliser le temps, car les oscillateurs choisis, naturels ou artificiels, ne sont pas directement utilisables par le commun de mortels. C'est pourquoi on distingue les horloges primaires et les horloges secondaires.

Les horloges primaires, naturelles ou artificielles, servent d'étalon sur lesquels on va se synchroniser. Les horloges secondaires sont synchronisées sur les horloges primaires et servent à transporter le temps. C'est le cas classique est très utilisé des montres et autres réveils.

Avec l'apparition des télécommunications il est maintenant possible de tranporter le temps au moyen de signaux radios. Et l'on sait synchroniser les différents étalons de fréquence entre-eux sur la planète pour obtenir un temps moyen coordonné appelé temps universel coordonné (TUC). Naturellement ce temps est moins précis que celui des horloges atomiques puisqu'il faut tenir compte des délais de transmission des signaux.
Il y a à travers le monde plusieurs sites officiels de transmission du temps par des tops radio. En france c'est l'emetteur de TDF qui est chargé de la transmission.

Les différents temps que l'on vient de mettre en évidence, temps solaire moyen, temps universel, temps des éphémérides, temps atomique et temps universel coordonné, sont tous différents et ne sont pas utilisés pour le même usage.

L'usage du temps qui nous intéresse ici est celui du service de l'heure pour la vie quotidienne, c'est donc le temps universel (TU). Mais comme la seconde est définie à partir des étalons atomiques il faut réajuster l'heure régulièrement afin que le soleil passe toujours au méridien de Greenwhich à midi. Ce réajustement a lieu si nécessaire fin juin ou fin décembre, et l'on ajoute ou enlève une seconde à la minute courante. C'est ainsi que de temps en temps il y a des minutes qui font 61 secondes ou parfois 59 secondes.

Le protocole NTP (Network Time Protocol)

Le temps peut aussi être distribué sur l'internet. Pour cela il faut un protocole adapté. C'est le protocole NTP (Network Time Protocol) décrit par le RFC 1305. La difficulté de distribuer le temps sur l'internet est que le protocole IP est en mode non connecté et qu'il n'y a pas de temps réel. Le protocole NTP est complexe et la synchronisation se fait en utilisant l'horloge locale de la station qui doit être le plus à l'heure possible pour le bon fonctionnement du système.

Cette synchronisation se fait par couche, ou strate. On distingue 15 niveaux de couches, le 16ème niveau correspondant à une horloge non synchronisée. Dans la pratique on ne dépasse guère la couche 5.

Les serveurs travaillant au strate 1 se synchronisent sur des récepteurs radio branchés directement sur le port série de la station. Ces recepteurs décodant les signaux radio de transmission de l'heure par les sites officiels. Les serveurs de strate 1 sont officiels et déclarés, on peut en consulter la liste officielle.

Les serveurs travaillant au strate 2 se synchronisent sur les serveurs de strate 1, et suivant les configuration, entr'eux. Les serveurs de strate 2 sont officiels et déclarés, on peut en consulter la liste officielle.

Les serveurs de strate 3 se synchronisent sur ceux de strate inférieure. Ils n'ont pas à être déclarés; tout site peut installer un serveur de strate 3, à la condition de prévenir les administrateurs des sites de strate inférieure officiels.

Les serveurs de strate 4 sont en général, à l'usage d'un réseau local, c'est le cas pour notre site.

NTP à Télécom Bretagne

À Télécom Bretagne il y a deux serveurs de strate 3, un sur une machine à Brest et un sur une machine à Rennes, et trois serveurs de strate 4 qui sont accessibles par round robin sur l'adresse ntp.enst-bretagne.fr. Les autres machines sont clientes de ces serveurs et se mettent a l'heure chaque nuit.

Le serveur de stratum 3 de Rennes se synchronise sur deux serveurs de stratum 2 non officiels de l'IRISA: irisa.irisa.fr et auberge.irisa.fr

Le serveur de stratum 3 de Brest se synchronise sur les serveurs de stratum 2 officiels: ntp.univ-lyon1.fr, bernina.ethz.ch, biofiz.mf.uni-lj.si, ntp0.strath.ac.uk, ntp1.strath.ac.uk

Bibliographie

  • Bernard Decaux et Bernard Guinot, "La mesure du temps." Presse universitaire de France collection "Que sais-je" N0 97.

  • Claude Audoin, Bernard Guinot, "Les fondements de la mesure du temps. Comment les fréquences atomiques règlent le monde." Masson 1998.

  • Mills, D.L. Internet time synchronization: the Network Time Protocol, IEEE Trans. Communications COM-39, 10 (October 1991), 1482-1493. Also in: Yang, Z., and T.A. Marsland (Eds.). Global States and Time in Distributed Systems, IEEE Press, Los Alamitos, CA, 91-102.

  • Mills, D.L. Network Time Protocol (Version 3) specification, implementation and analysis,
    RFC 1305, University of Delaware, March 1992, 113 pp.

  • Mills, D.L. Simple Network Time Protocol (SNTP), RFC 2030, University of Delaware,October 1996, 18 pp

    FAQ sur NTP

    Sites WEB

    NTP strate 1 à l'univiversité de Rennes
    NTP home page
    David L. Mills home page
    UDel Internetworking Lab home page
    Le Laboratoire primaire du Temps et des Fréquences de l'observatoire de Paris.
    Bureau des longitudes